Pr Marlène PASQUET (Service d'Hématologie-oncologie pédiatrique, Toulouse) & Justine Thomas

Eva pour la vie soutient le projet d'Activité Physique Adaptée chez l’enfant soigné pour un Cancer et Insulino-Sensibilité APACIS, porté par le Pr Marlène Pasquet, onco-hémato-immunologue pédiatre au sein de l'hôpital des enfants du CHU de Toulouse et Justine Thomas, enseignante en APA et doctorante, ainsi que le recrutement d'un poste d'APA au sein de ce service. 

Les progrès réalisés en matière de traitement et de soins de support ont permis d'améliorer le taux de survie à cinq ans des enfants atteints d'un cancer. Néanmoins, le traitement du cancer chez l’enfant est souvent toxique à moyen et long terme. Ainsi, les enfants ayant vaincu leur cancer ont un risque élevé d’avoir des maladies chroniques à l’âge adulte, dont principalement des maladies cardiaques et métaboliques.

Chez les enfants se battant contre un cancer, il a été démontré que l'activité physique adaptée (APA) a des effets positifs pendant et après le traitement : elle améliore la santé générale, l’activité du cœur, la force musculaire, la qualité de vie et réduit la fatigue. Cependant, les conséquences de la pratique d’une activité physique dès le diagnostic n’ont pas été abordées dans les études publiées à ce sujet, notamment en termes de tolérance métabolique des chimiothérapies et corticothérapies prolongées. De plus, aucune étude ne s’est intéressée aux effets sur les risques de maladies cardiaques ou métaboliques à long terme. Chez les enfants en bonne santé, on sait que l’APA améliore les paramètres métaboliques et réduit les risques de maladies métaboliques chroniques.

Ce projet consiste à déterminer si, comme chez les enfants en bonne santé, les bénéfices de l'activité physique sur la santé métabolique s'appliquent aux enfants traités pour un cancer, et ce, dès le diagnostic. Interview du Pr Marlène PASQUET et de Justine Thomas


Justine Thomas (JT) et Pr Marlène Pasquet (MP), pouvez-vous vous présenter ? 

JT : Je suis enseignante en Activité Physique Adaptée et étudiante en doctorat de sciences. Mon quotidien au sein du CHU est réparti entre les séances d’activités physiques adaptées aux patients soignés dans le service d’hématologie-oncologie ainsi que les activités liées au protocole de recherche APACIS (suivi, évaluation, analyse des données, congrès, communication).

MP : Professeure en Hématologie Oncologie Pédiatrique depuis plus de 15 ans maintenant dans le service HIOP à Toulouse. Dans le service je m'occupe plus spécifiquemment des enfants présentant des hémopathies, des patients avec maladie hématologique benigne et des enfant porteurs de déficit immunitaire. En tant qu'enseignante, je forme les étudiants en 5ieme année et les internes, et je dirige le groupe dédié aux maladies GATA2 au sein de l'équipe 16 du CRCT (IUCT-O, INSERM U1037). J'encadre Me Thomas Justine depuis son Master 2 et maintenant sa these de science dans ce projet.


Vous êtes à l’origine du projet « Activité physique adaptée chez l’enfant traité pour cancer et insulinosensibilité ». Pouvez-vous nous expliquer les principales raisons qui vous ont incité à rédiger ce projet ? A qui s’adresse-t-il et quel sera son déroulement ?

JT : Le protocole APACIS viens d’un constat récent, on soigne de mieux en mieux les cancers pédiatriques mais on manque d’éléments pour accompagner le post-cancer à long terme, notamment les séquelles métaboliques des traitements, qui peuvent donner lieu à des maladies une fois l’âge adulte atteint. On sait que l’activité physique est un moyen de prévention de ces maladies chez les adultes et les enfants sains, mais aucun travaux ne s’intéresse à cet effet chez des enfants soignés pour un cancer. C’est cette combinaison entre l’effet du sport et le risque métabolique qui a motivé notre travail. 

L’étude APACIS s’adresse à tous les enfants âgés entre 5 et 18 ans, soignés pour tout cancer au sein du CHU de Toulouse. Il consiste à pratiquer des activités physiques de manière encadrée pendant 6 mois, à l’hôpital ou au domicile, puis à être suivi pendant 2 ans. Des évaluations métaboliques sont effectuées à partir d’échantillons sanguins, ainsi que des évaluations de la santé physique et de la nutrition, pour garantir une approche globale. 


Quelles sont les perspectives et vos espoirs à l’issu de ce projet ?

JT : Nous travaillons sur la possible extension de cette étude à d’autres centres hospitaliers. Les résultats préliminaires sont encourageants avec des effets sur la toxicité métabolique et la tolérance des effets secondaires des traitements. Nous espérons que cette étude apportera les premiers éléments sur l’effet de l’exercice physique sur des facteurs métaboliques dans les cancers pédiatriques et qu’elle encouragera d’autres chercheurs à s’intéresser aux intérêts de l’activité physique adaptée chez ce public.

MP : les premiers résultats vont dans le sens de notre observation clinique: au dela du bien etre et de l'apport psychique évident de l'APA, la tolérance aux traitement semble meilleure depuis l'introduction précoce de l'activité physique adaptée. Le démontrer scientifiquement est un vrai challenge que nous relevons, à travers des analyses métabolomiques poussées et des analyses du microbiote salivaire, parodontal et fécal.

 
Au-delà de l’appel à la générosité publique, Eva pour la vie a impulsé dès 2012 une démarche inédite en Europe – désormais partagée par de nombreuses associations à travers la Dédération Grandir Sans Cancer – demandant à l’Etat à créer un fonds dédié à la recherche sur les cancers de l’enfant, ainsi qu’à améliorer l’aide aux familles d’enfants malades. Avec Grandir Sans Cancer, elle a obtenu fin 2018 le vote d’un fonds annuel dédié de 5M€/an pour cette recherche, et fin 2021, d’un rajout ponctuel de 20M€ supplémentaires en vue de favoriser la structuration des équipes. Elle mobilise actuellement les parlementaires afin que ce fonds soit porté à 25M€/an afin d’y inclure la recherche clinique oncopédiatrique. Elle souhaite enfin que les postes d’APA nécessaires soit systématiquement financée par le ministère de la santé pour l’ensemble des services d’oncologie pédiatriques. Que pensez-vous de cette mobilisation ?

JT : Je salue et remercie cet engagement sans faille d’Eva pour la vie de manière générale pour la recherche en cancérologie pédiatrique et pour l’APA. Notre métier est essentiel dans de tel service mais encore fragile ou précaire, l’engagement d’Eva pour la vie ainsi que de la fédération Grandir Sans Cancer nous a permis de recruter une deuxième enseignante en APA ; au delà de ça je pense que l’engagement associatif constitue un véritable atout pour convaincre le ministère de l’importance de notre fonction. 

MP : Cette mobilisation est courageuse, essentielle et capitale. Le financement de ces postes n'est absolument pas perenne dans aucun des CHU de France et de nombreux travaux scientifiques ont montré le bénéfice de l'APA sur la qualité de vie et l'amélioration des conditions post traitement. Notre étude vise à apporter des éléments scientifiques supplémentaires à ce bénéfice en terme de tolérance, et ce grace à une introduction précoce. Des travaux commencent à démontrer le bénéfice de l'APA sur le systeme musculaire, l'immunité et la cognition des enfants atteints de CAncer. Financer ces postes à un échellon institutionnel est une priorité et nous sommes tres enthousiastes de ce soutien apporté par Eva pour la vie et la fédération Grandir sans Cancer.

Eva pour la vie a apporté fin 2024 la somme de 10 000 € pour permettre - avec d'autres associations - le recrutement d'un poste d'APA (activité physique adaptée) au sein du service d'oncologie pédiatrique du CHU de Toulouse. Elle a également apporté une subvention de 20 000 € en faveur du projet de recherche « activité physique adaptée chez l’enfant traité pour cancer et insilunosensibilité (APACIS) – études ancillaires »

 

NOUS SOUTENONS AUSSI..

VIRTU THERAPEUTICS (Nice)

Eva pour la vie & Grandir sans cancer ont, de par leur engagement financier, fortement accéléré le démarrage d’une start-up du médicament liée à la volonté de développer une petite molécule innovante pour le traitement du glioblastome, une tumeur du cerveau de l’adulte et de l’enfant très agressive et généralement incurable. Les dirigeants de cette start-up nous expliquent leurs travaux, perspectives et l'importance de favoriser le développement de petites sociétés axées sur des cancers rares, en particulier les cancers pédiatriques les plus agressifs ...

Dr Fabienne MEGGETTO (INSERM Toulouse)

Le Dr Fabienne Meggetto est directrice de recherche à l’INSERM de Toulouse, au sein d'une équipe d'excellence dont les travaux de recherche portent sur les lymphomes chez l’enfant. L'association Eva pour la vie a décidé d'apporter une aide de 50000 euros pour le démarrage d'un projet ambitieux et transversal, qui pourrait permettre de trouver de nouvelles voies thérapeutiques pour les lymphomes de mauvais pronostic, mais aussi, d'autres tumeurs solides tels que le neuroblastome....

Dr Celio POUPONNOT (Curie, Paris)

Eva pour la vie & Grandir Sans Cancer ont décidé de soutenir les travaux du Dr Célio POUPONNOT, à l'Institut Curie, en finançant le Projet « Modélisation du médulloblastome grâce à l’utilisation d’organoïdes humains cérébelleux et analyse de l’effet des polluants agricoles » à travers une subvention. Ce projet de recherche comporte une part de recherche environnementale crutiale, la question de la compréhension pour tenter de prévenir étant aussi importante que celle qui vise à mieux soigner les enfants atteints de cancers ...



Dr Sébastien APCHER (IGR, Villejuif)

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Dr Max PIFFOUX (Centre Léon Bérard, Lyon)

Le Docteur Max PIFFOUX - sous la responsabilité de l’équipe "Apoptose et cancer" coordonnée par Aurélie DUTOUR au CLB - est le responsable scientifique du projet de recherche suivant : " De l'induction autophagique comme booster de la réponse aux immunothérapies : essai d'une nouvelle classe thérapeutique, les mimétiques de la restriction calorique, dans le modèle d'ostéosarcome pédiatrique". Eva pour la vie & Aidons Marina ont décidé de co-financer le lancement de ce projet, en apportant une subvention de 40000 euros.

Dr Patrick AUGUSTE (INSERM Bordeaux)

Depuis plus de 20 ans, cet enseignant chercheur travaille sur le cancer. Et cela fait presque 10 ans qu'il s'est dirigé dirigé vers le cancer du rein ou carcinome rénal. En rejoignant l'équipe du Dr Christophe Grosset (Inserm, équipe MiRCaDe), il voulait mettre à profit son expérience et franchir un nouveau pallier en travaillant sur les cancers de l'enfant. Il est à l'initiative d'un projet ambitieux, qui implique plusieurs chirurgiens, médecins et chercheurs internationaux, sur l'étude du néphroblastome (ou tumeur de Wilms) chez l'enfant, cofinancé par l'association Eva pour la vie et Aidons Marina ...



Dr Olivia FROMIGUE (Institut Gustave Roussy)

La résistance aux traitements est un problème clinique majeur, en particulier dans le cas des ostéosarcomes, tumeurs osseuses touchant les enfants ou adolescents. En effet, la chimiothérapie, associée à la chirurgie, est le pivot central du traitement actuel. Or de nombreux ostéosarcomes sont ou deviennent résistants à ces médicaments antiprolifératifs. Les récidives et/ou l’apparition de métastases sont alors fréquentes. 2 patients sur 5 ne pourront être guéris ! L’ostéosarcome est donc un cancer pédiatrique à pronostic sombre pour lequel il est absolument nécessaire d’identifier les moyens de contrecarrer la résistance aux traitements afin d’améliorer les chances de guérison des patients.



Dr Christophe GROSSET (INSERM Bordeaux)

Depuis 2012, le Dr Christophe Grosset étudie l’hépatoblastome, une tumeur du foie qui touche les très jeunes enfants. la principale difficulté est de traiter les patients souffrant de métastases ou d’une tumeur inopérable et résistante au traitement. Avec l'appui de l'association Eva pour la vie, l’équipe a mis en place un nouveau modèle d’hépatoblastome dans l’embryon de poulet qui permet de tester l’efficacité de nouvelles molécules thérapeutiques (comme les microARNs) et de faciliter l’étude de ces tumeurs en laboratoire. Son équipe s'investit également dans la recherche sur les tumeurs du tronc cérébral, avec des résultats prometteurs.

Dr Martin HAGEDORN (INSERM Bordeaux)

Depuis Septembre 2014, le Dr Martin Hagedorn pilote une équipe constituée de chercheurs (Caroline CAPDEVIELLE, Farah RAHAL, Justine CHARPENTIER et Mélissa MENARD) qui consacre ses travaux de recherche à l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques dans les tumeurs du tronc cérébral et à l’amélioration de ses modes de traitement. Des travaux reconnus par plusieurs équipes & experts scientifiques européens. 



Dr Annie SCHMIDT (INSERM Nice)

L'équipe de recherche du Dr Alliana Schmid porte sur le traitement des métastases pulmonaires d'ostéosarcome, tumeur osseuse maligne la plus fréquente chez l’enfant et l’adolescent avec 150 nouveaux cas par an. Grâce au progrès de la chimiothérapie couplée à l’optimisation des techniques chirurgicales, le taux de survie atteint 60 à 70 % pour les patients présentant un ostéosarcome non métastatique. A l'inverse, la mortalité est très élevée pour les jeunes patients atteints d'ostéosarcomes métastatiques, d'où la nécessité absolue d'accélérer la recherche sur ces pathologies ...


Dr Eddy PASQUIER (CNRS Marseille)

Les travaux de recherche du Dr Pasquier se focalisent principalement sur le repositionnement de médicaments qui consiste à tester, dans de nouvelles indications thérapeutiques, des médicaments déjà approuvés par les autorités sanitaires. Le but de ce travail est d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques pour les cancers les plus difficiles à traiter et ainsi améliorer la prise en charge des patients atteints de ces formes agressives et réfractaires aux traitements. En particulier, les cancers pédiatriques (neuroblastome), les tumeurs cérébrales affectant les enfants comme les adultes (glioblastome, medulloblastome) ainsi que certaines formes rares de cancer (angiosarcome).



Dr Marie CASTETS (INSERM Lyon)

Les travaux de l'équipe INSERM co-dirigée par le Dr Marie Castets (CR1 Inserm, HDR) et le Dr Jean-Yves Blay (PUPH, HDR) portent sur la mort cellulaire et les cancers. Grâce au soutien d’Eva pour la Vie (55000 euros) et d’autres associations, cette équipe développe actuellement ces axes de recherche sur les rhabdomyosarcomes, les ostéosarcomes et les neuroblastomes ...



Pr Sébastien PAPOT (Université de Poitiers)

Fin 2018, la région Nouvelle Aquitaine a accepté de cofinancer avec Eva pour la vie le projet de recherche "Etudes biologiques et précliniques de nouveaux agents anticancéreux, dont certains ciblant EZH2/PRC2, dans le traitement de l’hépatoblastome hautement proliférant", mené par le Pr Papot et le Dr Grosset. L'association Eva pour la Vie a pris en charge à hauteur de 50% du coût l'achat d'un équipement de laboratoire (d'un montant de 9 000€) nécessaire au bon déroulement de ces travaux.

La recherche épidémiologique

Si le développement de voies thérapeutiques adaptées à l'enfant est indispensable (pour tenter de sauver les enfants qui aujourd'hui, demeurent sans solution thérapeutique et/ou pour réduire les effets secondaires), nous n'oublions pas une réalité tout aussi forte : sur les 50 dernières années, le nombre d'enfants touchés par un cancer n'a jamais baissé. Beaucoup reste à faire en matière de prévention, tant au niveau de la recherche que de la réglementation. Eva pour la vie intervient activement en co-financant des études environnementales. La première d'entre elle, HAPPI, visait à faire analyser par le laboratoire KUDZU SCIENCE des échantillons de poussière prélevés dans des habitations riveraines de vignes - accueillant des enfants ou des femmes enceintes - ainsi que dans une salle de classe d’école primaire.

André CICOLELLA (RES, Paris)

André Cicolella est un chimiste, toxicologue et chercheur français en santé environnementale, spécialiste de l’évaluation des risques sanitaires. Eva pour la vie a co-financé, avec le collectif REGARDS, la transposition française d'une étude menée au Danemark à partir des registres de cancer et de consommation des médicaments, qui avait mis en évidence un risque multiplié par 3 d'ostéosarcomes et par 2 de lymphomes hodgkiniens et non hodgkiniens en cas d'exposition via des médicaments utilisant le phtalate DEP (DiEthyl Phtalate) dans les médicaments gastro-résistants.