Vous avez décidé d’orienter vos travaux de recherche sur les cancers de l’enfant. Pouvez-vous nous en dire plus sur vos motivations à travailler sur les cancers de l’enfant ?
J'ai choisi de diriger mes travaux de recherche vers les cancers de l'enfant en grande partie grâce à une expérience personnelle. Lors d'une conversation avec mon fils à propos de la maladie de son amie, j'ai été interpellé par ses questions d'enfant sur les cancers. Il m'a demandé si je travaillais sur les cancers, et j'ai répondu par l'affirmative, expliquant que je cherchais de nouveaux traitements pour les guérir. Cependant, il m'a alors demandé pourquoi je ne travaillais pas spécifiquement sur les cancers des enfants.
C'est à ce moment précis que mon fils m'a annoncé que l'une de ses amies, Imene, était atteinte d'un cancer, et qu'il espérait que je puisse travailler sur ce type de cancer pour la sauver. Cette conversation a profondément touché mon cœur et m'a incité à prendre la décision de me concentrer sur la recherche des cancers pédiatriques. Par une heureuse coïncidence, au même moment, j'avais également pris la décision de partager mon laboratoire avec l'équipe du Dr. Birgit Geoerger, pédiatre à Gustave Roussy.
En outre, après avoir discuté avec des chercheurs pédiatres de Gustave Roussy et de l'Institut Curie, il est devenu évident qu'il existait un besoin pressant de développer de nouveaux traitements pour les cancers pédiatriques. Cette convergence d'éléments personnels et professionnels a renforcé ma détermination à consacrer mes efforts à la recherche sur les cancers de l'enfant et à contribuer à améliorer les perspectives de guérison pour ces jeunes patients.
Plus précisément, pouvez-vous nous en dire plus sur votre projet soutenu par Eva pour la vie ? Sur quels types de cancers porte-t-il ? Quels sont vos espoirs au niveau thérapeutique ?
Notre projet, soutenu par Eva pour la vie, est axé sur l'identification de nouvelles molécules immunomodulatrices. Ces molécules sont capables d'induire des réponses immunitaires spécifiques contre les cellules cancéreuses. En d'autres termes, nous travaillons sur des substances qui ont la capacité de stimuler les cellules cancéreuses à produire des peptides antigéniques. Ces peptides peuvent ensuite être reconnus de manière spécifique par les cellules lymphocytaires du système immunitaire, ce qui entraîne leur multiplication et leur capacité à détruire les cellules cancéreuses.
Notre projet de recherche se concentre sur plusieurs types de cancers pédiatriques, notamment le neuroblastome, l'ostéosarcome et le glioblastome. Ces cancers sont particulièrement graves et nécessitent des approches thérapeutiques novatrices.
Nous avons commencé notre projet il y a environ un an, et nous avons déjà obtenu des résultats préliminaires prometteurs avec certaines de nos molécules immunomodulatrices. Notre objectif ultime est de protéger ces molécules par le biais de brevets spécifiques aux cancers pédiatriques, ce qui pourrait ouvrir la voie à de nouvelles options de traitement pour les enfants atteints de ces types de cancer.
Nos espoirs au niveau thérapeutique sont de développer des traitements plus efficaces et ciblés pour ces cancers pédiatriques graves, en exploitant le potentiel du système immunitaire pour lutter contre les cellules cancéreuses. Nous aspirons à améliorer les perspectives de guérison et la qualité de vie des enfants atteints de ces maladies dévastatrices.
Envisagez-vous de développer ce projet avec d’autres chercheurs - y compris à l’échelle internationale – et l’étendre à d’autres types de cancers pédiatriques ?
Nous sommes en cours de discussion avec l'Institut RECAMO à Brno, en République tchèque, pour évaluer l'effet de nos molécules immunomodulatrices sur le glioblastome. Ce projet vise à utiliser nos molécules sur des organoïdes de glioblastome et à analyser leur effet immunomodulateur sur ce type spécifique de tumeur. Les organoïdes de glioblastome sont des modèles de tumeurs qui sont capables de reproduire fidèlement les caractéristiques génétiques, histologiques et morphologiques de chaque tumeur.
Cette collaboration avec l'Institut RECAMO démontre notre volonté de développer notre projet en partenariat avec d'autres chercheurs, y compris à l'échelle internationale. Nous sommes ouverts à l'idée d'étendre nos recherches à d'autres types de cancers pédiatriques ou à d'autres partenariats de recherche pour contribuer à la lutte contre le cancer chez les enfants.
Avez-vous rencontré des difficultés, financières ou administratives, pour lancer ce projet ? Qu’est-ce que le soutien financier d’Eva pour la vie, vous permet de faire ?
Nous n'avons pas rencontré de difficultés majeures pour lancer notre projet, en grande partie grâce à une collaboration étroite avec le professeur Birgit Geoerger, un chercheur pédiatre à Gustave Roussy. De plus, nous avons bénéficié d'un financement de l'INCa six mois avant de recevoir le soutien financier d'Eva pour la vie. Ce financement initial de l'INCa nous a permis d'embaucher une ingénieure de recherche, ce qui a été une étape cruciale pour mettre en place notre projet.
Pour autant, le soutien financier d'Eva pour la vie a eu un impact significatif sur nos activités. Grâce à ces fonds, nous avons pu entreprendre la sélection des molécules potentiellement immunomodulatrices pour le traitement des cancers pédiatriques parmi nos différentes molecules. De plus, nous avons commencé à mener des études in vivo sur des modèles murins de cancer pédiatrique, ce qui représente une étape importante dans notre recherche visant à développer de nouvelles thérapies.
Au-delà de l’appel à la générosité publique, Eva pour la vie a impulsé dès 2012 une démarche inédite en Europe – désormais partagée par de nombreuses associations à travers la fédération Grandir Sans Cancer – demandant à l’Etat à créer un fonds dédié à la recherche sur les cancers de l’enfant, ainsi qu’à améliorer l’aide aux familles d’enfants malades. Avec Grandir Sans Cancer, elle a obtenu fin 2018 le vote d’un fonds annuel dédié de 5 millions d’euros/an pour cette recherche, et fin 2021, de 20 millions d’euros supplémentaires. Que pensez-vous de cette mobilisation ?
Je pense que la mobilisation d'Eva pour la vie et de la fédération Grandir Sans Cancer pour la recherche sur les cancers de l'enfant est extrêmement louable et importante. La lutte contre le cancer chez les enfants est un enjeu crucial de santé publique, et il est essentiel de mobiliser des ressources pour soutenir la recherche et améliorer le soutien aux familles d'enfants malades.
La création d'un fonds dédié à la recherche sur les cancers de l'enfant montre une prise de conscience de l'importance de cette cause. L'obtention de financements substantiels est une avancée significative. Ces ressources financières ont déjà permis et vont permettre de financer une recherche fondamentale nécessaire pour mieux comprendre les cancers pédiatriques, développer de nouvelles thérapies et pour améliorer les taux de survie.
De plus, l'amélioration de l'aide aux familles d'enfants malades est tout aussi cruciale. Faire face à un diagnostic de cancer chez un enfant est une épreuve extrêmement difficile pour les familles, et elles ont besoin de soutien émotionnel, financier et logistique pour traverser cette période difficile. La mobilisation en faveur de ces familles est un aspect important de la lutte contre le cancer chez les enfants.
Je pense donc que la mobilisation d'Eva pour la vie et de la fédération Grandir Sans Cancer est admirable, nécessaire, et les fonds alloués à la recherche et à l'aide aux familles sont une étape importante vers une meilleure prise en charge des enfants atteints de cancer en France et en Europe.
Publications scientifiques : en savoir plus
Eva pour la vie soutient le projet d'Activité Physique Adaptée chez l’enfant soigné pour un Cancer et Insulino-Sensibilité APACIS, porté par le Pr Marlène Pasquet, onco-hémato-immunologue pédiatre au sein de l'hôpital des enfants du CHU de Toulouse et Justine Thomas, enseignante en APA et doctorante, ainsi que le recrutement d'un poste d'APA au sein de ce service.
Eva pour la vie & Grandir Sans Cancer ont décidé de soutenir les travaux du Dr Célio POUPONNOT, à l'Institut Curie, en finançant le Projet « Modélisation du médulloblastome grâce à l’utilisation d’organoïdes humains cérébelleux et analyse de l’effet des polluants agricoles » à travers une subvention. Ce projet de recherche comporte une part de recherche environnementale crutiale, la question de la compréhension pour tenter de prévenir étant aussi importante que celle qui vise à mieux soigner les enfants atteints de cancers ...
For more than 20 years, this teacher-researcher has been working on cancer. And it's been almost 10 years since he went to kidney cancer or renal cell carcinoma. By joining the team of Dr Christophe Grosset (Inserm, MiRCaDe team), he wanted to use his experience and take a new step forward by working on childhood cancer. He is the initiator of an ambitious project, which involves several surgeons, doctors and international researchers, on the study of nephroblastoma (or Wilms tumor) in children, co-funded by the association Eva pour la vie and Aidons Marina ...
Resistance to treatment is a major clinical problem, in particular in the case of osteosarcomas, bone tumors affecting children or adolescents. Indeed, chemotherapy, associated with surgery, is the central pillar of current treatment. However, many osteosarcomas are or become resistant to these antiproliferative drugs. Recurrences and / or the appearance of metastases are then frequent. 2 out of 5 patients cannot be cured! Osteosarcoma is therefore a pediatric cancer with a poor prognosis for which it is absolutely necessary to identify ways to counteract resistance to treatment in order to improve the chances of recovery for patients.
Since September 2014, Dr Martin Hagedorn has been leading a team of researchers (Caroline CAPDEVIELLE , Farah RAHAL, Justine CHARPENTIER and Mélissa MENARD) which devotes its research work to the identification of new therapeutic targets in brainstem tumors and to the improvement of its treatment methods. Work recognized by several European scientific teams & experts.
Dr Pasquier's research work mainly focuses on the repositioning of drugs which consists of testing, in new therapeutic indications, drugs already approved by the health authorities. The aim of this work is to identify new therapeutic targets for the most difficult to treat cancers and thus improve the care of patients suffering from these aggressive forms and refractory to treatment . In particular, pediatric cancers (neuroblastoma), brain tumors affecting children as well as adults (glioblastoma, medulloblastoma) as well as certain rare forms of cancer (angiosarcoma).
The work of the INSERM team co-directed by Dr Marie Castets (CR1 Inserm, HDR) and Dr Jean-Yves Blay (PUPH, HDR) focuses on cell death and cancers. Thanks to the support of Eva pour la Vie (55,000 euros) and other associations, this team is currently developing these lines of research on rhabdomyosarcomas, osteosarcomas and neuroblastomas ...