Dr Annie SCHMIDT (INSERM Nice)

L'équipe de recherche du Dr Alliana Schmid porte sur le traitement des métastases pulmonaires d'ostéosarcome, tumeur osseuse maligne la plus fréquente chez l’enfant et l’adolescent avec 150 nouveaux cas par an. Grâce au progrès de la chimiothérapie couplée à l’optimisation des techniques chirurgicales, le taux de survie atteint 60 à 70 % pour les patients présentant un ostéosarcome non métastatique. A l'inverse, la mortalité est très élevée pour les jeunes patients atteints d'ostéosarcomes métastatiques, d'où la nécessité absolue d'accélérer la recherche sur ces pathologies ...
Les ostéosarcomes ont une très forte propension à métastaser, notamment dans les poumons. Lors du diagnostic d’OS, les métastases pulmonaires sont déjà présentes chez plus de 20% des patients. Les métastases signent la gravité de maladie. En effet, les patients présentant un OS métastatique ou récidivant répondent mal aux traitements actuels et le taux de guérison, chez ces patients, restent très bas et inchangés depuis plus de 30 ans. Il est par conséquent essentiel et primordial de développer des traitements efficaces pour toutes ces situations d'impasse thérapeutique et également pour améliorer la qualité de vie de ces jeunes patients pendant et après les traitements.

Reconnaître et éliminer les cellules cancéreuses représentent des fonctions physiologiques du système immunitaire qui sont assurées par des cellules spécialisées de l’organisme, les leucocytes et en particulier la population des lymphocytes T. L'état d'activation des lymphocytes T dépend en permanence de la balance entre des signaux activateurs et inhibiteurs appelés checkpoints immunitaires (activateurs ou inhibiteurs) . Ces checkpoints immunitaires qui fonctionnent comme des verrous de sécurité sont essentiels aussi bien pour optimiser l’activation des lymphocytes T (checkpoints activateurs) que pour prévenir le risque d'emballement du système immunitaire (checkpoints inhibiteurs). Les cellules cancéreuses ont développé de multiples stratégies pour échapper au système immunitaire et notamment déréguler les checkpoints immunitaires inhibiteurs afin d’empêcher la destruction des cellules tumorales par le sytème immunitaire. L’industrie pharmaceutique a commercialisé des anticorps et/ou petites molécules chimiques qui sont capables de moduler certains de ces checkpoints immunitaires et de fait permettre d’optimiser la réponse du système immunitaire dirigée contre la tumeur.

Les travaux récents en immuno-oncologie ont marqué un tournant majeur dans la compréhension des mécanismes de défense des tumeurs face au système immunitaire et ont mis en évidence les checkpoints immunitaires comme de nouvelles cibles thérapeutiques antitumorales potentielles. Des traitements utilisant cette stratégie chez des patients atteints de mélanome métastatique ont donné des résultats extraordinaires en terme de guérison et donnent de nouveaux espoirs pour les autres cancers. Aujourd’hui les thérapies ciblant les checkpoints immunitaires sont données dans de nombreux cancers, et sont en phase d’essai clinique dans l’ostéosarcome. Les premiers résultats ne permettent pas à l’heure actuelle de proposer un traitement efficace en particulier pour les ostéosarcomes les plus agressifs. Il est donc nécessaire de continuer les recherches recherches visant à mieux comprendre les interactions entre les cellules cancéreuses et les cellules immunitaires impliquées dans la progression des ostéosarcomes.

Le projet financé par Eva Pour la vie (2017-2018, 30 000 €) se situe dans ce contexte. Il avait pour objectif d’évaluer dans un modèle préclinique de métastases pulmonaires d'ostéosarcome, les effets de traitements associant deux stratégies complémentaires d'immunothérapie, l'une visant à favoriser un recrutement sélectif de leucocytes dans la tumeur, l'autre visant à neutraliser 4 checkpoints immunitaires inhibiteurs à savoir CTLA4, PD1, PDL1 et TIM3. Ce projet a consisté à tester différentes associations de traitements par des anticorps bloquants des checkpoints inhibiteurs (Ac anti-checkpoints) en présence de fractalkine (FKN) permettant le recrutement des lymphocytes dans la tumeur.

Dans un premier temps, les travaux réalisés grâce au premier financement d'Eva pour la vie’ ont montré que le traitement des souris par la FKN seule ralentissait de 40 à 60% la progression des métastases pulmonaires d’ostéosarcome, mais au cours du temps, les animaux finissaient par échapper au traitement par la FKN. Néanmoins même si les souris développaient des métastases en présence de FKN, les souris étaient objectivement en meilleure forme que les souris non traitées.

Concernant les traitements avec les Ac bloquants des checkpoints PD1, PDL1, CTLA4 ou TIM-3, les effets étaient d’une part modestes (au mieux une diminution de 5 à 30% de la progression des métastases) et d’autre part toujours inférieurs à ceux obtenus avec la FKN seule. De plus, nous n’avons pas observé d’effets cumulatifs des traitements associant un Ac anti-checkpoint à la FKN. L’analyse transcriptomique des tumeurs obtenues dans les différentes situations de traitements (FKN + un Ac anti checkpoint inhibiteur) nous a indiqué que la FKN avait effectivement permis le recrutement de lymphocytes dans les tumeurs mais, et de plus, alors que certains verrous étaient levés par les Ac anti checkpoints, d’autres restaient toujours actifs. Dans un deuxième temps, nous avons associé le traitement par la FKN à plusieurs Ac anti-checkpoints inhibiteurs. Les résultats sont décevants puisque dans toutes les combinaisons testées, il n’y avait pas, en termes de réduction de tumeurs, d’effets plus importants que la FKN seule. Contre toute attente, l’analyse transcriptomique nous a néanmoins révélé que dans certaines combinaisons, les 4 checkpoints inhibiteurs testés étaient neutralisés.

Les anticorps ciblant CTLA4, PD1, PDL1 et TIM3 représentaient la première "vague" de commercialisation de traitements anti checkpoints immunitaires. Aujourd’hui des traitements par anticorps ciblant d’autres checkpoints immunitaires inhibiteurs sont disponibles dans le commerce et en particulier GAL9, LAG3 et Vista et représentent de fait, de nouveaux espoirs thérapeutiques pour l’ostéosarcome. Par ailleurs, l’ensemble de nos résultats nous a conduits à penser que les lymphocytes qui étaient recrutés dans la tumeur grâce à la FKN pourraient, peut-être et aussi, présenter un défaut d’activation, les limitant dans leur capacité à détruire, de façon pérenne dans le temps, les cellules cancéreuses. Ceci nous a donc conduit à reconsidérer les combinaisons d’immunothérapie que l’on pourrait envisager et notamment tester des combinaisons de traitements associant la FKN à des anticorps bloquants des checkpoints immunitaires inhibiteurs et/ou à des anticorps stimulants de checkpoints immunitaires activateurs. Cette étude a été réalisée grâce au second soutien financier apporté par "Eva pour la Vie" (2019-2020, 20 000€)

Puis cette équipe a déposé auprès de notre association un projet ambitieux de haut niveau, concernant l'utilisation des biomatériaux de comblement osseux comme nouvelle voie d’administration de nouveaux traitements antitumoraux de l’ostéosarcome. Une voie innovante qui vise à permettre d’éradiquer les cellules cancéreuses tumorales résiduelles et limiter ainsi les risques de récidives. 

Dans le programme thérapeutique des ostéosarcomes, lorsque l’état du patient le permet, la tumeur osseuse est chirurgicalement enlevée, et la perte de substance osseuse (défect osseux) qui en résulte est systématiquement comblée par des biomatériaux de comblement. Néanmoins, il n’est pas rare que le chirurgien ne puisse pas totalement éliminer la masse tumorale ce qui va entraîner immanquablement des rechutes. Combler le défect osseux à l’aide biomatériaux aux propriétés anti-tumorales permettrait d’éradiquer les cellules cancéreuses tumorales résiduelles et limiter ainsi les risques de récidives.

Au sein du micro-environnement tumoral, la chimiokine CCL5 et son récepteurs CCR5 semblent attractifs pour la cellule tumorale. Le projet que nous finançons sur 2021-2022 a pour objectif d’utiliser des bloqueurs de l’axe CCL5/CCR5 pour ralentir voire bloquer la progression des ostéosarcomes. L’originalité de ce projet réside aussi dans le mode d’administration de ces nouveaux traitements qui consiste à les délivrer localement via les biomatériaux de comblement osseux.

NOUS SOUTENONS AUSSI..

Pr Marlène PASQUET (Service d'Hématologie-oncologie pédiatrique, Toulouse) & Justine Thomas

Eva pour la vie soutient le projet d'Activité Physique Adaptée chez l’enfant soigné pour un Cancer et Insulino-Sensibilité APACIS, porté par le Pr Marlène Pasquet, onco-hémato-immunologue pédiatre au sein de l'hôpital des enfants du CHU de Toulouse et Justine Thomas, enseignante en APA et doctorante, ainsi que le recrutement d'un poste d'APA au sein de ce service. 



VIRTU THERAPEUTICS (Nice)

Eva pour la vie & Grandir sans cancer ont, de par leur engagement financier, fortement accéléré le démarrage d’une start-up du médicament liée à la volonté de développer une petite molécule innovante pour le traitement du glioblastome, une tumeur du cerveau de l’adulte et de l’enfant très agressive et généralement incurable. Les dirigeants de cette start-up nous expliquent leurs travaux, perspectives et l'importance de favoriser le développement de petites sociétés axées sur des cancers rares, en particulier les cancers pédiatriques les plus agressifs ...

Dr Fabienne MEGGETTO (INSERM Toulouse)

Le Dr Fabienne Meggetto est directrice de recherche à l’INSERM de Toulouse, au sein d'une équipe d'excellence dont les travaux de recherche portent sur les lymphomes chez l’enfant. L'association Eva pour la vie a décidé d'apporter une aide de 50000 euros pour le démarrage d'un projet ambitieux et transversal, qui pourrait permettre de trouver de nouvelles voies thérapeutiques pour les lymphomes de mauvais pronostic, mais aussi, d'autres tumeurs solides tels que le neuroblastome....

Dr Sébastien APCHER (IGR, Villejuif)

Le Dr Sébastien APCHER est un chercheur INSERM responsable de l’équipe « Epitopes non-conventionnels et réponse immunitaire anti-cancéreuse » à l’INSTITUT GUSTAVE ROUSSY de Villejuif. Il a décidé d’orienter ses travaux de recherche sur les cancers de l’enfant. Eva pour la vie soutient financièrement cette équipe, d'une façon durable. Interview ...

Dr Max PIFFOUX (Centre Léon Bérard, Lyon)

Le Docteur Max PIFFOUX - sous la responsabilité de l’équipe "Apoptose et cancer" coordonnée par Aurélie DUTOUR au CLB - est le responsable scientifique du projet de recherche suivant : " De l'induction autophagique comme booster de la réponse aux immunothérapies : essai d'une nouvelle classe thérapeutique, les mimétiques de la restriction calorique, dans le modèle d'ostéosarcome pédiatrique". Eva pour la vie & Aidons Marina ont décidé de co-financer le lancement de ce projet, en apportant une subvention de 40000 euros.

Dr Patrick AUGUSTE (INSERM Bordeaux)

Depuis plus de 20 ans, cet enseignant chercheur travaille sur le cancer. Et cela fait presque 10 ans qu'il s'est dirigé dirigé vers le cancer du rein ou carcinome rénal. En rejoignant l'équipe du Dr Christophe Grosset (Inserm, équipe MiRCaDe), il voulait mettre à profit son expérience et franchir un nouveau pallier en travaillant sur les cancers de l'enfant. Il est à l'initiative d'un projet ambitieux, qui implique plusieurs chirurgiens, médecins et chercheurs internationaux, sur l'étude du néphroblastome (ou tumeur de Wilms) chez l'enfant, cofinancé par l'association Eva pour la vie et Aidons Marina ...



Dr Olivia FROMIGUE (Institut Gustave Roussy)

La résistance aux traitements est un problème clinique majeur, en particulier dans le cas des ostéosarcomes, tumeurs osseuses touchant les enfants ou adolescents. En effet, la chimiothérapie, associée à la chirurgie, est le pivot central du traitement actuel. Or de nombreux ostéosarcomes sont ou deviennent résistants à ces médicaments antiprolifératifs. Les récidives et/ou l’apparition de métastases sont alors fréquentes. 2 patients sur 5 ne pourront être guéris ! L’ostéosarcome est donc un cancer pédiatrique à pronostic sombre pour lequel il est absolument nécessaire d’identifier les moyens de contrecarrer la résistance aux traitements afin d’améliorer les chances de guérison des patients.



Dr Christophe GROSSET (INSERM Bordeaux)

Depuis 2012, le Dr Christophe Grosset étudie l’hépatoblastome, une tumeur du foie qui touche les très jeunes enfants. la principale difficulté est de traiter les patients souffrant de métastases ou d’une tumeur inopérable et résistante au traitement. Avec l'appui de l'association Eva pour la vie, l’équipe a mis en place un nouveau modèle d’hépatoblastome dans l’embryon de poulet qui permet de tester l’efficacité de nouvelles molécules thérapeutiques (comme les microARNs) et de faciliter l’étude de ces tumeurs en laboratoire. Son équipe s'investit également dans la recherche sur les tumeurs du tronc cérébral, avec des résultats prometteurs.

Dr Martin HAGEDORN (INSERM Bordeaux)

Depuis Septembre 2014, le Dr Martin Hagedorn pilote une équipe constituée de chercheurs (Caroline CAPDEVIELLE, Farah RAHAL, Justine CHARPENTIER et Mélissa MENARD) qui consacre ses travaux de recherche à l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques dans les tumeurs du tronc cérébral et à l’amélioration de ses modes de traitement. Des travaux reconnus par plusieurs équipes & experts scientifiques européens. 



Dr Eddy PASQUIER (CNRS Marseille)

Les travaux de recherche du Dr Pasquier se focalisent principalement sur le repositionnement de médicaments qui consiste à tester, dans de nouvelles indications thérapeutiques, des médicaments déjà approuvés par les autorités sanitaires. Le but de ce travail est d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques pour les cancers les plus difficiles à traiter et ainsi améliorer la prise en charge des patients atteints de ces formes agressives et réfractaires aux traitements. En particulier, les cancers pédiatriques (neuroblastome), les tumeurs cérébrales affectant les enfants comme les adultes (glioblastome, medulloblastome) ainsi que certaines formes rares de cancer (angiosarcome).



Dr Marie CASTETS (INSERM Lyon)

Les travaux de l'équipe INSERM co-dirigée par le Dr Marie Castets (CR1 Inserm, HDR) et le Dr Jean-Yves Blay (PUPH, HDR) portent sur la mort cellulaire et les cancers. Grâce au soutien d’Eva pour la Vie (55000 euros) et d’autres associations, cette équipe développe actuellement ces axes de recherche sur les rhabdomyosarcomes, les ostéosarcomes et les neuroblastomes ...



Pr Sébastien PAPOT (Université de Poitiers)

Fin 2018, la région Nouvelle Aquitaine a accepté de cofinancer avec Eva pour la vie le projet de recherche "Etudes biologiques et précliniques de nouveaux agents anticancéreux, dont certains ciblant EZH2/PRC2, dans le traitement de l’hépatoblastome hautement proliférant", mené par le Pr Papot et le Dr Grosset. L'association Eva pour la Vie a pris en charge à hauteur de 50% du coût l'achat d'un équipement de laboratoire (d'un montant de 9 000€) nécessaire au bon déroulement de ces travaux.

La recherche épidémiologique

Si le développement de voies thérapeutiques adaptées à l'enfant est indispensable (pour tenter de sauver les enfants qui aujourd'hui, demeurent sans solution thérapeutique et/ou pour réduire les effets secondaires), nous n'oublions pas une réalité tout aussi forte : sur les 50 dernières années, le nombre d'enfants touchés par un cancer n'a jamais baissé. Beaucoup reste à faire en matière de prévention, tant au niveau de la recherche que de la réglementation. Eva pour la vie intervient activement en co-financant des études environnementales. La première d'entre elle, HAPPI, visait à faire analyser par le laboratoire KUDZU SCIENCE des échantillons de poussière prélevés dans des habitations riveraines de vignes - accueillant des enfants ou des femmes enceintes - ainsi que dans une salle de classe d’école primaire.

André Cicolella (RES, Paris)

André Cicolella est un chimiste, toxicologue et chercheur français en santé environnementale, spécialiste de l’évaluation des risques sanitaires. Eva pour la vie a co-financé, avec le collectif REGARDS, la transposition française d'une étude menée au Danemark à partir des registres de cancer et de consommation des médicaments, qui avait mis en évidence un risque multiplié par 3 d'ostéosarcomes et par 2 de lymphomes hodgkiniens et non hodgkiniens en cas d'exposition via des médicaments utilisant le phtalate DEP (DiEthyl Phtalate) dans les médicaments gastro-résistants.